Si par hasard un oiseau / solo(s)…

Mise en scène / Spectacles / Jeu

Performance Danse / Poésie / Musique / Vidéo
Une proposition de Delphine Augereau (jeu), Sophie Agnel (musique/cordophone), Lara Bruhl (danse, jeu), Valérie Kempeneers (vidéo) sur des textes et poèmes de Marianne Cohn, Nelly Sachs, Jean Anouilh, Henry Bauchau, Jacques Derrida, Sophocle

Scénographie : Lara Bruhl
Chorégraphie des lettres : Tina Bosi, Lara Bruhl
Broderies : Juliette Michelet
Durée : 1h00
Production : Cie de l’Acte / Un bureau de production / Le Milieu
Le spectacle à été créé le 6 décembre 2019 au Milieu
Communication et diffusion : Stéphane Birman
unbureaudeproduction@gmail.com / 06 89 78 12 20

“ TOI
dans la nuit
tout occupée à désapprendre le monde
de loin si loin
ton doigt peignait la grotte de glace
avec la carte chantante d’une mer enfouie
qui assemblait les notes dans le coquillage de ton oreille,
ponts-pierres angulaires
d’Ici vers Là-bas,
tâche d’une infinie minutie
dont la résolution
est donnée en partage aux mourants.

Nelly Sachs

Si par hasard un oiseau / Solo(s)…, pour un chant partagé qui tisse au carrefour d’une rencontre une intuition : et si nous étions les filles d’Antigone ?

“ Je trahirai demain pas aujourd’hui… ”
Marianne Cohn

Antigone, un mythe qui m’accompagne depuis de longues années : une compagne de route, une figure de résistance, de désobéissance, une puissance des origines, une colère face au pouvoir politique et ses injustices. Elle revient à moi, fidèlement à travers diverses écritures mais aussi de par l’actualité : Antigone(s) qui défendent l’étranger, l’étrangeté, l’Autre contre « les tyrans Créon(s) ».

Nous connaissons à peu près tous la fin de l’histoire, Antigone meurt dans la grotte.
La mort est une inconnue, lointaine, mais le sentiment de solitude face au vide du néant nous est, à tous, familier. Une impression que nous préférons taire, enfouir, surtout ne pas voir ?

Et s’il fallait accepter de ne plus voir pour voir autrement ? Et si la cécité d’Œdipe, celle d’Antigone dans le noir de la grotte offraient de nouvelles possibilités de voir ? Si nous fermions les yeux quelques instants pour retrouver la vue ?

Delphine Augereau

“ Et la courbe du vol est la courbure même de la terre… ”
Saint-John Perse

Très tôt, les gestes de ma grand-mère et de ma mère qui régulièrement brodaient, tricotaient, rapiéçaient ont traversé mon enfance.
Prenant appui sur leur ouvrage, sans craindre d’elles-mêmes, elles libéraient leur histoire.
Ce n’était pas à la petite fille qu’elles parlaient, elles tissaient plutôt une mémoire en héritage.
J’ai su les hirondelles en grappe aux soirs d’étés annoncer l’orage.

Danser la figure d’Antigone, c’est ne pas craindre de s’exposer à son désir ; c’est faire du corps l’espace d’un poème, un cri, une lamentation, une plainte, celle du deuil refusé comme forces de protestation et de soulèvement.

Danse des mots, alors peut-être : « ouvrir un ciel derrière chaque geste » ?

Lara Bruhl

“ Mon thème est l’instant, mon thème de vie. Je cherche à lui être pareille, je me divise des milliers de fois en autant de fois qu’il y a d’instants qui s’écoulent – fragmentaire que je suis et précaires les moments -, je ne me compromets qu’avec la vie qui naît avec le temps et avec lui grandit : il n’est d’espace pour moi que dans le temps…
La musique ne se comprend pas : s’entend. Entends-moi alors avec ton corps entier ”
Clarice Lispector

J’ai parfois travaillé avec le texte et la danse. Quand je travaille avec un texte, j’essaie d’intégrer le sens pour pouvoir ensuite n’entendre plus que le rythme. C’est-à-dire qu’une fois que le sens est installé au fond du corps et de la tête, alors on peut plus facilement quitter l’illustration pour entrer dans le travail par le rythme. Le rythme c’est comment donner du relief au texte, à l’œuvre – comment la fragiliser ou le rendre plus forte encore -, comment faire sonner la langue, comment respirer…

Sophie Agnel

“ J’ai voulu faire du cinéma. J’ai tant aimé le cinéma.
Sans peur. Dans l’innocence. J’aurais fait n’importe quoi.
Et j’ai fait n’importe quoi. Enfin presque. ”

Chantal Akerman

Si par hasard…
Une image de désert.
L’apercevoir, la regarder, l’observer, l’explorer, s’y égarer.
Un voyage dans l’instant (-ané).
Un parcours, une promenade, un cheminement, un vol d’oiseau.
Partir à l’aventure et perdre la notion du temps.
Des visions, un mirage ?
S’en approcher au cœur.

Valérie Kempeneers